The Long Way Home by Jessa Hastings

Auteur:Jessa Hastings [Hastings, Jessa]
La langue: fra
Format: epub
Tags: FICTION / Romance / Contemporain
Éditeur: Hauteville
Publié: 2024-06-20T12:05:43+00:00

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Magnolia

Comment vous vous imaginez la chambre d’un chef de gang ? Je ne peux pas dire que c’est un sujet auquel j’avais beaucoup réfléchi, jusqu’à ce que je me retrouve dans celle de Julian.

Je sais à quoi vous pensez : la chambre rouge de Christian Grey.

Mais vous vous trompez.

Ce n’est pas du tout ça. Lui non plus, en fait.

Sa chambre a changé depuis la dernière fois que j’y suis venue, à savoir il y a plus de quatre ans, la nuit tristement célèbre des pancakes sans sexe. J’avais tellement peur de coucher avec quelqu’un d’autre que BJ. Comme si, après, je lui appartiendrais moins. Mais j’en fais les frais, puisque, aujourd’hui, BJ ne m’appartient pas plus qu’avant – c’est-à-dire absolument pas – et que je me réveille tous les matins pour vérifier l’état de l’amarre qui me rattache à lui. C’est une chaîne en acier trempé, même maintenant.

J’ai beaucoup repensé à cette fameuse nuit, à Julian et moi, et ce que nous n’avons pas fait. C’est un homme étrange, mais j’adore sa compagnie. Il dégage quelque chose d’unique.

Je n’ai jamais su s’il n’avait parlé à personne de cette nuit-là parce qu’il était agacé ou gêné, ou juste parce qu’il vaut bien plus que ce que nous pensons tous. En tout cas, j’ai fini par avoir la certitude qu’aucun des garçons n’avait jamais su que j’étais partie avec lui, le soir de ses trente ans.

À partir du moment où j’ai compris qu’il ne l’avait pas raconté à tout le monde, je me suis mise à le considérer autrement. Si vous saviez le nombre incalculable de bêtises que j’ai lues dans les journaux au sujet de garçons que j’aurais soi-disant embrassés ou avec qui j’aurais passé la nuit… Un tissu de mensonges, la plupart du temps. Mais Julian, je l’ai embrassé et j’ai passé la nuit avec lui, et il l’a gardé pour lui.

À l’époque, sa chambre avait tous les attributs de la (grande) piaule de célibataire : consoles de jeux, distributeur automatique de snacks (si mes souvenirs sont bons), distributeur de préservatifs (ça, je me le rappelle clairement). Murs gris foncé, parquet sombre. Lustre imposant. Comme s’il l’avait décorée en pensant que les filles avec qui il coucherait trouveraient ça sexy.

Cette fois, les murs sont d’un gris plus clair, avec des touches de brun et beaucoup de bois. Lit énorme. Draps blancs. Lampes spectaculaires. Tête de lit rococo style années 1950, qui, malheureusement pour moi, n’est pas capitonnée. J’ai repéré plusieurs œuvres d’art – seulement des originaux – sur les murs.

D’ailleurs, il y en a partout.

— Alors, comme ça, tu es un amateur d’art ? lui ai-je demandé gaiement le matin de notre seconde première nuit ensemble, en examinant la reproduction la plus convaincante que j’aie jamais vue de La Rue d’Ernst Ludwig Kirchner. Cette reproduction est vraiment excellente, ai-je observé en me levant pour l’examiner de plus près.

Julian a réprimé un sourire.

— C’est parce que ça n’en est pas une.

J’ai fait volte-face, perplexe.

— Tu as acheté La Rue ? me suis-je étonnée, un brin jalouse.

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